Rénovation des bâtiments : la « vague de rénovation » européenne doit submerger les digues françaises

La Commission européenne présente aujourd’hui sa « vague de rénovation », un plan d’action pour l’efficacité énergétique au niveau européen. Cette stratégie vise à pallier le retard pris par l’Union européenne sur son objectif 2030 d’au moins 32,5% d’efficacité énergétique. La France est particulièrement en retard, avec des objectif 2020 qui ne devraient être atteints qu’en 2026. On compte pourtant plus de 220 millions de bâtiments européens nécessitant une rénovation, dont 5 millions de passoires thermiques rien qu’en France. La Commission se fixe l’objectif de rénover 35 millions de bâtiments d’ici 2030. Une ambition forte qui doit dépasser le simple effet d’annonce.

Pour Yannick Jadot, député européen : « Ce plan d’action comporte différentes avancées notables. La révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments prévue en juin 2021 devrait par exemple permettre l’introduction de standards minimums de performance énergétiques et d’un modèle européen uniforme de certificat de performance énergétique (CPE). De même l’extension de la définition du « bâtiment public », aux écoles, aux hôpitaux et autres bâtiments administratifs, accompagnée de l’obligation d’audit énergétique pour ces bâtiments. C’est une bonne nouvelle, les pouvoirs publics doivent s’ériger en modèle de la transition énergétique !

La question du financement reste le point noir de cette « vague de rénovation ». L’idée d’une plateforme de financement dédiée a été abandonnée, pour se concentrer sur les fonds européens déjà existants. La Commission compte sur les plans de relance nationaux pour faire de l’efficacité énergétique une priorité politique… Parier sur la seule volonté des Etats est insuffisant au regard des contre-performances passées en termes d’efficacité énergétique et de l’instabilité des politiques nationales en la matière !

La France a pris un sérieux retard sur ses objectifs en matière d’efficacité. Au rythme actuel, l’objectif 2020 sera atteint en 2026. Au point que, selon l’Ademe, la précarité énergétique concerne 230 000 personnes de plus en 2019 pour atteindre 6,8 millions de nos concitoyens. Le plan de relance sur la rénovation des logements privés nous ramène à peine au budget de 2018! Il faut accompagner cela de mécanismes européens de suivi et de sanctions adaptés et clairement faire de la précarité énergétique une priorité absolue. »

Décarboner le bâtiment

La Commission entend également proposer une feuiller de route 2050 pour réduire les émissions de carbone dans l’ensemble du cycle de vie des bâtiments. Ce critère d’émission de CO2, demandé par de nombreux acteurs du secteurs, est nécessaire pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en Europe d’ici 2050. En visite aujourd’hui au CFA BTP de Rueil-Malmaison, Yannick Jadot déclare :

« A l’heure où l’Europe revoit ses objectifs climat à la hausse grâce à la loi Climat, il est essentiel de travailler de concert avec le secteur du bâtiment, aujourd’hui responsable de près de 20% des émissions de CO2 en France et de 45% de la consommation énergétique. Nous devons l’accompagner dans cette nécessaire vague de rénovation, qui a pris un retard considérable, mettant dangereusement à mal les engagements de l’Accord de Paris. C’est répondre à l’urgence climatique et mais aussi sociale ! Pour rappel, un grand plan de rénovation thermique en France permettrait de faire économiser en moyenne 512€ par ménage et par an (étude ‘Rénovons’) et créerait des centaines de milliers d’emplois sur l’ensemble des territoires » déclare Yannick Jadot.