Depuis plusieurs semaines, la Commission européenne pousse à la signature rapide de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Ce jeudi 20 juin, les ministres des affaires étrangères des pays du MERCOSUR rencontreront Cécilia Malmstrom, la commissaire sortante en charge du commerce. Les Verts/ALE demandent une nouvelle fois la suspension de ces négociations. Les dangers pour l’élevage européen et les mesures prises par le climatosceptique président brésilien Bolsonaro sont totalement incompatibles avec les valeurs et les politiques européennes.
Pour Yannick Jadot, député européen et porte-parole des Verts/ALE sur le commerce : « il est urgent d’interrompre les négociations sur cet accord dont la conclusion porterait un coup sérieux au climat, à la biodiversité et à l’élevage européen en particulier. Les Européens ont placé l’écologie au cœur des élections européennes. Plusieurs dirigeants dont le Président Macron ont indiqué qu’un tel accord était inenvisageable. Il est temps d’agir. Les déclarations de Bolsonaro et de ses ministres de l’environnement et des affaires étrangères, climatoseptiques notoires, sont lamentables. Leurs actes sont plus inquiétants encore : en plaçant la démarcation des terres indigènes sous la juridiction du ministère de l’agriculture, le gouvernement de Bolsanaro a ouvert la voie à une exploitation toujours plus accrue de l’Amazonie. Selon les associations environnementales, la déforestation en Amazonie aurait augmenté de 54 pour cent en janvier 2019 par rapport à la même période en 2018. Tout cela pour satisfaire les intérêts de quelques grandes entreprises de l’agro-business dont l’appétit vorace menace la plus grande forêt tropicale du monde et le Cerrado, l’une des zones les plus riches en biodiversité de la planète, sans aucun égard pour l’environnement ou encore les populations indigènes, qui se battent pour défendre leurs territoires et les ressources naturelles.
En tant que deuxième partenaire commercial du Brésil, l’Union européenne ne peut pas récompenser ces atteintes aux personnes et à l’environnement en concluant un accord commercial avec le Brésil. C’est pourquoi nous demandons à Madame Malstrom de suspendre les négociations politiques qui doivent se tenir demain et vendredi à Bruxelles. Si ces négociations venaient à se conclure, les Verts feraient leur possible pour bloquer cet accord au Parlement européen. »
Pour Benoit Biteau, député européen, agronome et paysan résistant, « l’accord avec le Mercosur menace non seulement le climat, l’élevage bovin étant la première cause de déforestation dans cette région du monde, mais aussi les exploitations bovines européennes. Car cet accord se traduira par l’entrée sur le marché européen de 70 000 à 100 000 tonnes de viande bovine, s’ajoutant aux 65.000 tonnes de bœuf canadien octroyées dans le cadre du CETA. Surtout, la viande importée viendra concurrencer les éleveurs européens sur les morceaux à haute valeur ajoutée, comme l’aloyau et les grillades, qui font vivre nombre d’éleveurs paysans, soucieux de fournir aux consommateurs une viande de qualité, avec des races spécifiques et traditionnelles. Ce sont des centaines de bassins allaitants qui sont menacés de disparition en Europe avec, vous pouvez l’imaginer, des impacts terribles pour nos campagnes. Autre problème de taille : la qualité du bœuf importé. Les normes sanitaires sont en effet moins contraignantes en Amérique Latine et les filières ont de nombreux problèmes, comme démontré par le scandale Carne Fraca qui a révélé les problèmes de corruption et de sécurité alimentaire au Brésil. Si nous voulons pouvoir retrouver le contrôle sur notre alimentation, et encore avoir des paysans dans nos campagnes, nous ne pouvons accepter la conclusion du cet accord »