Le Parlement européen est inquiet de la stratégie de la Banque mondiale

Un texte résolument progressiste a été voté la semaine dernière, le 17 février au Parlement européen. Il s’agit d’une Résolution sur la stratégie énergétique de la Banque mondiale pour les pays en développement, portée par Eva Joly, présidente de la Commission du développement.

Dans cette résolution, le Parlement européen enjoint la Banque mondiale de mettre fin à ses soutiens aux énergies fossiles, et tout particulièrement au charbon. Il fait part de ses inquiétudes au sujet de la menace que représentent les agrocarburants, et son assimilation à une énergie propre, pour l’approvisionnement alimentaire ; les grands projets hydroélectriques font également l’objet de critiques.

Investissements inquiétants Dans ses considérations, le parlement européen rappelle que selon le scénario de référence de l’Agence internationale de l’énergie, Perspectives énergétiques mondiales pour 2008, la demande mondiale en énergie primaire va augmenter de 45 % d’ici 2030, et que 87 % de cette augmentation seront imputables aux pays non membres de l’OCDE ; et que, cette demande en énergie devrait entraîner une augmentation de 97 % des émissions de CO2. Les députés relèvent que les financements en faveur des combustibles fossiles continuent de jouer un rôle dominant dans l’enveloppe globale consacrée à l’énergie par la Banque mondiale, et ce en dépit de l’augmentation récente des prêts alloués aux initiatives en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Ils constatent également avec inquiétude que la Banque Mondiale continue d’investir massivement dans les centrales au charbon, ce qui rend les pays en développement prisonniers de cette source d’énergie pour les prochaines décennies. La résolution souligne l’importance d’internaliser les coûts liés au changement climatique et préconise l’application de l’analyse environnementale des coûts du cycle de vie dans le processus de comptabilité afin d’évaluer efficacement les nouvelles sources d’énergie disponibles. Elle déplore que la Banque mondiale encourage essentiellement un modèle énergétique à grande échelle et axé sur l’exportation, au lieu de soutenir de petits projets énergétiques décentralisés, qui sont souvent plus adaptés et efficaces pour répondre aux besoins de base dans les zones rurales. Afin de faire face au changement climatique, la résolution du Parlement européen appelle au développement de technologies propres dans les pays pauvres. Pour y faciliter la diffusion des technologies vertes, elle envisage de nouveaux assouplissements en termes de droits de propriété intellectuelle.

Le nucléaire disparaît du texte Dans le texte initialement proposé, le point 5 de la résolution s’inquiète de la considération de « l’hydroélectrique, les biocarburants et l’énergie nucléaire comme des énergies propres » mais que la référence au nucléaire a été supprimée dans le texte voté. Une conccession faite aux partisans du nucléaire, en échange d’une modification dans le point 13 : la préférence du parlement pour « les énergies à faible intensité carbone » du texte initial, devient une préference pour les « technologies durables et les énergies renouvelables ».

La résolution du parlement européen fait écho à de nombreuses revendications des associations de défense de l’environnement. Pour Anne-Sophie Simpere, des Amis de la Terre : « En 2010, la Banque mondiale a investi 6,6 milliards de dollars dans les énergies fossiles, soit 126 % de plus que l’année précédente. 4,4 milliards de dollars sont allés dans de méga centrales à charbon, dont celle de Medupi en Afrique du Sud, projet auquel la population locale était massivement opposée en raison de ses impacts environnementaux et sociaux désastreux […]. La Résolution votée hier par le Parlement européen est très encourageante. Sur cette base, les Etats européens, pourraient avoir une position exemplaire dans le cadre de la révision de la Stratégie Energie de la Banque mondiale.».

(d’après un article de DDmagazine.com)