Mardi 22 février, Lors d’un discours au Conseil Economique, Social et Environnemental, le premier ministre François Fillon a donné les grandes lignes de son arbitrage sur le dossier photovoltaïque : installer 500MW chaque année, en plus des projets qui arriveront – dans les mois qui viennent – à s’extraire de la « file d’attente » créée par la mauvaise gestion gouvernementale ; une baisse drastique des aides ; les projets solaires sur les grandes toitures passeront désormais par un système d’appels d’offres. Le Premier ministre a donné rendez-vous à la filière photovoltaïque à la mi-2012, après les élections présidentielle et législatives, pour faire un nouveau point.
Il faut tout d’abord regretter l’incertitude qui va régner quant à l’après 2012, alors que les industriels ont besoin de stabilité sur le long terme. Comment nos PME pourraient-elles investir dans une usine alors que dans moins de 2 ans la France pourrait n’installer que 500MW par an ? Car 500MW, ce n’est pas assez pour développer une filière qui compte déjà 25.000 salariés en France et pourrait atteindre le double d’ici la fin de la décennie.
Dans les deux années qui viennent, le Premier ministre promet que s’ajouteront à ces 500MW annuels de nombreux projets issus de la file d’attente, jusqu’à 1000MW de plus par an. Mais cela ne peut rassurer définitivement nos PME. Car rien ne garantit que tant de leurs projets arriveront à se sortir du goulot administratif créé par le gouvernement. Le risque demeure que les projets qui en sortiront soient des projets aux mains d’EDF et de ses filiales, des projets géants saucissonnés en plein de petits projets pour bénéficier plus facilement d’aides financières.
Que penser de la baisse drastique de ces aides par ailleurs ? Les professionnels ont du faire face à de nombreuses baisses depuis un peu plus d’un an. Elles étaient justifiées. Celle-là me semble être celle de trop, trop vite. A ce niveau, seuls les projets dans le Sud pourraient rester rentables. Le Nord n’aurait-il pas le droit de bénéficier des bénéfices du soleil, en terme d’emplois et d’aménagement du territoire ?
Enfin le recours à des appels d’offre pour des toitures de plus de 100kW, un seuil très bas, risque fortement de favoriser les plus grandes entreprises, au premier rang desquelles EDF. Les PME seront moins bien renseignées sur les procédures, moins rapides… et moins « introduites » auprès des décideurs.
Pendant la phase de consultation, les industriels du photovoltaïque ont fait des propositions responsables, permettant de minimiser l’impact financier pour les consommateurs tout en développant une filière française capable de profiter de l’explosion du marché mondial du solaire. Mais rien n’y fait. Ils devront vivre en eaux troubles jusqu’à la mi-2012 et l’arrivée d’une nouvelle majorité politique.
Car celle-là, quoiqu’elle en dise, ne veut vraiment pas de l’énergie solaire. Tout au plus lui accorde-t-elle une niche dans sa vision énergétique, largement dominée par le nucléaire. Est-ce une surprise si les annonces peu rassurantes du premier ministre sur le photovoltaïque interviennent le lendemain d’un conseil de politique nucléaire à l’Elysée ? Conseil qui a annoncé la mise à l’étude la construction en France d’un nouveau réacteur de moyenne puissance…