Ce mercredi 4 mars 2020, la Commission européenne publie sa proposition tant attendue de « Loi Climat » visant à assurer la neutralité climatique en 2050 en Europe. Une proposition qui rate totalement l’objectif d’aligner le plus tôt possible l’Europe sur l’Accord de Paris et l’urgence climatique.
Pour Yannick Jadot, député européen, « alors que les records de température explosent l’été comme l’hiver, la Commission européenne et Frans Timmermans ratent l’urgence climatique et se trompent totalement d’agenda. En reportant l’essentiel du débat européen sur l’après 2030 ils reportent de fait l’effort indispensable de réduction de nos émissions et rendent improbables les objectifs affichés pour la neutralité carbone en 2050. En reportant à septembre la décision européenne sur le réhaussement de l’objectif européen pour 2030, la Commission assume de laisser aux États-Unis et ses alliés climato-sceptiques l’opportunité de tuer un peu plus la coopération internationale sur le climat lors de la COP de Glasgow.
On est loin des grands discours de la Présidente Ursula Von Der Leyen et de son Vice-Président Franz Timmermans qu’ils ne manqueront pas de répéter pour la venue aujourd’hui de Greta Thunberg. Après les votes sur le financement des projets fossiles et l’accord de libre-échange avec le Vietnam, il ne faudrait pas que la priorité climat et Green Deal deviennent des slogans vides de traduction concrète.
En refusant de suivre les recommandations scientifiques de l’IPCC et de l’UNEP de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 65% d’ici 2030, la Commission envoie un signal désastreux au reste de la planète : continuez à ne pas agir, tout va bien ! Se faisant elle hypothèque gravement la COP26, car nombreux sont les pays qui attendent un signal de l’Union Européenne pour réhausser leurs niveaux d’ambition. Quand on sait l’urgence d’agir dans les 10 prochaines années pour rester au plus des 1.5°C et éviter le pire des impacts du dérèglement climatique, cette dérobade de la Commission européenne est une faute politique grave. D’autant plus que dans la Loi Climat rien n’est pas prévu avant 2030 pour s’assurer que les Etats de l’UE respectent leurs objectifs de réduction des émissions de CO2. Pas de sanction, pas d’évaluation sur la trajectoire de réduction, de maintenant à 2030. Quand on sait que les États membres ne font déjà pas leur part pour atteindre les objectifs actuels pour 2030, il y a de quoi s’inquiéter.
Rien n’est encore perdu. Il y a encore un peu de temps pour l’Union européenne s’engage sur une voix plus ambitieuse. Le groupe des Verts/ALE fera sa part du travail au Parlement européen. La mobilisation citoyenne, celle de la jeunesse mais aussi celle d’entreprises de plus en plus nombreuses seront déterminantes pour obtenir de la Commission européenne qu’elle soumette très vite aux États membres une proposition pour s’engager sur une réduction de 65% des émissions de gaz à effet de serre et ce très en amont du Conseil européen qui aura lieu de juin prochain. »