Sur le site de SUD OUEST
Ancien directeur des campagnes de Greenpeace France, Yannick Jadot est l’un de ceux qui ont porté Europe Écologie sur les fonts baptismaux. Élu député européen il y a un an, il travaille au projet d’Europe Écologie pour 2012. C’est lui qui, avec l’autre eurodéputé Pascal Canfin, a soufflé à Eva Joly l’idée de représenter le mouvement à l’élection présidentielle.
« Sud Ouest dimanche ». Quel est l’enjeu de la convention ?
Yannick Jadot. Il s’agit d’avoir le retour des synthèses régionales. Et ensuite de montrer que la forme et le fond sont liés. La façon d’organiser Europe Écologie et son fonctionnement sera très liée à sa capacité à porter des questions pertinentes pour 2012. On ne peut pas imaginer que, dans le contexte d’une crise aussi profonde, un fonctionnement de parti traditionnel puisse déboucher sur l’écoute nécessaire de la société et de ses acteurs.
On a su être fort sur la question énergétique et l’agriculture, par exemple. Il nous faut faire montre de la même compétence pour la fiscalité, les retraites ou encore les écoles. Et, pour cela, rester ce lieu de réflexion où l’on n’a pas besoin de justifier de dix ans de militantisme pour avoir voix au chapitre.
Cela implique-t-il de laisser le champ libre aux adhésions individuelles ?
Absolument. Il nous faut imaginer des solutions nouvelles et crédibles. Seule la diversité des parcours des gens qu’Europe Écologie intéresse nous l’autorisera.
Nous affrontons une crise incroyable du politique. Les gens ne vont plus voter, pas seulement par manque de motivation, mais dans une vraie logique de refus. Le fait de ne pas voter est devenu un acte politique. Pour redonner le goût de la politique aux citoyens, agir différemment est une nécessité.
Quand trancherez-vous toutes ces questions d’organisation ?
En novembre, lors d’assises fondatrices qui verront le vote des militants. Il y aura une étape importante avec nos journées d’été.
Pourquoi lancer le nom d’Eva Joly pour la présidentielle de 2012 ?
L’échéance va arriver rapidement. Dany (Cohn-Bendit) n’y allant pas, on se retrouve face à une alternative Duflot/Joly. Or on se situe à un moment clé pour l’écologie politique : élargir son champ à d’autres questions, redonner une crédibilité à la politique par l’éthique, lutter pour la définanciarisation de l’économie, réintroduire l’idée de la justice dans la société. Je pense qu’Eva Joly incarne bien cette exigence.
Et vous voyez une désignation en douceur…
Ça va tanguer un peu pendant quelques mois, c’est évident. On a reculé cette question autant que faire se pouvait ; il va maintenant falloir se décider. Deux solutions s’ouvrent à nous : Les Verts + ou Europe Écologie +.
À l’initiative des Verts, le Conseil régional d’ÃŽle-de-France a décidé de ne plus recourir à des banques qui travailleraient avec les paradis fiscaux. Votre sentiment ?
Nous allons tenter d’étendre cette décision à toutes les régions où nous pesons. Et c’est un combat permanent que nous menons à l’échelle européenne face à des pays impliqués qui bloquent tout progrès.