UE/ÉNERGIE: diplomatie de l’énergie, réactions mitigées au Parlement

Dépêche de l’agence Europe

UE/ÉNERGIE: diplomatie de l’énergie, réactions mitigées au Parlement
942 words
9 September 2011
Agence Europe
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French
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Bruxelles, 08/09/2011 (Agence Europe) – Si elle peut se targuer du soutien de son président Jerzy Buzek et de son compatriote conservateur Jacek Saryusz-Wolski, la communication de la Commission sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique et la coopération internationale, publiée le 7 septembre, suscite la polémique au Parlement européen, dans les rangs des écologistes et des conservateurs britanniques.

Sitôt présentée à la presse, la nouvelle stratégie de l’exécutif européen pour les relations de l’UE avec les pays tiers dans le domaine de l’énergie a reçu l’aval du président du Parlement, le Polonais Jerzy Buzek, qui s’est félicité que la Commission « reprenne beaucoup d’idées » de la proposition qu’il défend avec Jacques Delors d’une Communauté européenne de l’énergie. « L’UE doit présenter une interface simple dans ses relations avec ses partenaires tiers, pays producteurs et de transit. Elle devrait pouvoir mettre en commun ses capacités d’approvisionnement et s’engager dans des achats groupés, si besoin est. Si nous faisons face à une crise énergétique importante à long terme, des réserves stratégiques communes doivent être disponibles et gérées sur tout le continent dans un esprit de la solidarité. Ces idées sont reflétées dans la communication de la Commission », estime M. Buzek, qui soutient l’idée d’un mécanisme pour garantir une transparence accrue et l’échange d’informations entre les États membres sur leurs contrats énergétiques passés avec des pays tiers. Le président du Parlement soutient aussi l’idée de contrats négociés au niveau communautaire. « À un moment où l’Afrique du Nord et la Libye se transforment rapidement, nous devons nous tenir prêts à approfondir notre coopération en matière de pétrole et de gaz et à l’étendre aux renouvelables. Pour garantir son accès à une énergie sûre, durable et concurrentielle, l’UE doit étendre ses partenariats », conclut M. Buzek.

Comme son compatriote, le conservateur Jacek Saryusz-Wolski (PPE) voit dans la nouvelle stratégie de la Commission « un pas dans la bonne direction » pour améliorer le fonctionnement du marché intérieur et accroître la sécurité énergétique. « Avec l’élan donné par la présidence polonaise du Conseil et la contribution constructive du Parlement, c’est l’occasion pour l’UE de développer une diplomatie véritablement proactive en matière d’énergie », estime le député polonais, qui félicite la Commission d’avoir pris en considération les recommandations de son rapport de 2007 sur une politique étrangère commune en matière d’énergie. Avec l’aval du Parlement, M. Saryusz-Wolski y soumettait l’idée de créer un mécanisme de solidarité pour permettre à l’UE d’agir efficacement dans les situations de crise. Le député polonais soutient le rôle que la Commission se réserve de vérifier la compatibilité avec les règles du marché intérieur de tous les accords énergétiques présents et futurs entre les États membres et les pays tiers, et la proposition de l’exécutif européen d’assister les capitales dans la négociation de contrats énergétiques avec des tiers, à l’image du soutien apporté l’automne dernier à la Pologne pour le renouvellement de son contrat gazier avec la Russie.

Son de cloche différent chez les Verts, qui reprochent à l’exécutif européen de ne définir aucune stratégie pour réduire la dépendance aux énergies fossiles de l’UE. « Plutôt que de chercher à libérer l’Europe de son addiction aux énergies fossiles, la Commission continue à entretenir notre dépendance énergétique. L’Europe fait malheureusement une fois de plus le choix archaïque de se tourner vers les pays exportateurs d’énergies fossiles, en surestimant parfois leurs réserves. Or, sans mesures d’efficacité énergétique, ces pays courent à l’épuisement énergétique », commente le Luxembourgeois Claude Turmes. « À l’heure où les prix de l’énergie s’envolent et où l’Europe s’inquiète pour sa sécurité énergétique, la Commission perçoit toujours sa politique énergétique extérieure uniquement sous l’angle produire plus, ou construire plus de gazoducs », renchérit son collègue Yannick Jadot. « Au contraire, la meilleure des sécurités consiste à consommer moins et à produire l’énergie localement. Il serait primordial que les capitales coordonnent leur politique énergétique extérieure, pour établir des partenariats avec des pays développant des technologies vertes, comme par exemple la Chine ou le Japon qui sont, eux, déjà à la pointe dans ce secteur, dans l’innovation et l’investissement vert. C’est aussi la réponse la plus appropriée pour accompagner les changements démocratiques et le développement économique au sud de la Méditerranée. Pour rappel, 20% d’efficacité énergétique en Europe d’ici 2020 équivaudrait à l’approvisionnement de quinze gazoducs Nabucco! Efficacité énergétique et renouvelables doivent être à la base de la coopération énergétique de l’UE », insiste-t-il.

Du côté des conservateurs britanniques, emmenés par Giles Chichester, on promet de « combattre » le projet de la Commission de contrôler tous les contrats énergétiques passés entre des États membres de l’UE et des pays tiers tels que la Libye ou la Russie. « Nos arrangements en matière d’énergie sont les affaires du Royaume-Uni, pas de la Commission. Il s’agit d’une tentative pour interférer dans nos différents intérêts commerciaux à grande échelle (…) Les propositions de la Commission posent toutes sortes de questions préoccupantes sur la confidentialité, la sensibilité commerciale et le bien-fondé de tout processus d’appel d’offres. C’est le plus mauvais genre d’intervention par les maniaques du contrôle de la Commission », poursuit le député britannique, qui rappelle au bon souvenir de l’exécutif européen l’échec de la proposition de la Commission Prodi qui visait à intervenir sur les stocks pétroliers. (E.H.)